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Dr. Layla RAHBANI sur Radio RCF : les communautés confessionnelles ont fondé un régime politique fragile
06-11-2009
RPL France
RCF : Pourquoi la laïcité au Liban?
Dr RAHBANI : En fait les confessions et les communautés confessionnelles ont précédé l'installation de l'état libanais. Quand cet état a été crée, ces différentes confessions ont fondé un régime politique fragile en se partageant les pouvoirs au sein du régime.
La laïcité a été confrontée à une vive opposition de la part du système confessionnel libanais. Cette opposition a été si violente et virulente, très rarement observée ailleurs .Quatre forces s'acharnent contre la réforme au Liban:
- le féodalisme politique représenté par quelques seigneurs terriens, capitalistes de père en fils;
- les chefs de milices devenus grâce à la dite communauté internationale des politiques, des députés ou des ministres;
- les religieux de tout bord qui ont installé un pouvoir réel à travers le confessionnalisme et qui ont peur de perdre leurs acquis,
- les affairistes corrompus qui ont volé les ressources du Liban pour acheter le vote des libanais lors des élections et les brader par la suite.
Le confessionnalisme correspond au capital de ces forces et l'outil qui leur permet de consolider leur pouvoir et de le transmettre à leurs héritiers, ce qui a transformé le régime politique en guerre civile permanente, froide dans les meilleur des cas, sanguinaire très souvent mais toujours sournoise et assassine. Quand ces forces ont compris que la laïcité serait un danger menaçant leurs intérêts car elle permettrait à l'état d’évoluer dans un contexte politique différent, ils l’ont attaqué avec violence politiquement, théologiquement et idéologiquement en créant un amalgame avec l’athéisme et brandissant la thèse du complot contre les religieux, de la destruction de la société et de l’anéantissement des libertés individuelles à tel point que cette laïcité a été présentée comme une "arme de destruction sociétale" capable de rayer le Liban de la carte. Quant à nous, nous sommes et restons convaincus que l'on ne peut libérer les libanais du joug du féodalisme, du confessionnalisme et du partage des profits réalisés aux dépens des citoyens que par la laïcité. RCF : Pourquoi le Courant Patriotique Libre (CPL) et le Rassemblement Pour le Liban (RPL) militent pour la laïcité? Dr RAHBANI : L’étude approfondie de l'histoire sociale et politique du Liban montre que le système confessionnel a été toujours la cause de nombreuses crises et de guerres internes et l'obstacle au développement démocratique du régime. Elle a été la porte ouverte à l’ingérence de toutes les grandes puissances régionales et internationales dans la gouvernance du pays qui continue à subir des conflits graves, à transmettre la haine aux différentes générations et à diviser et morceler le pays. Ainsi et pour sortir de ce cercle vicieux de manipulation émanant de l'est ou de l'ouest, pour que le Liban devienne un état de droit, l'état des citoyens et non des clans, et pour finir avec l'image d'un " état barrage», " état laboratoire" ou " terrain d'expérimentation", nous devons vaincre l'affairisme confessionnel, le clientélisme et se mettre sur la voie de la laïcité de l'état et de la société. C'est le défi du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme que préside le Général Michel Aoun ainsi que celui du CPL et du RPL qui visent à libérer le citoyen après avoir contribué par leurs sang à libérer la majeure partie du territoire national en contraignant les occupants à rentrer humiliés chez eux. Le CPL et le RPL militent pour mettre en oeuvre un régime fondé sur les institutions et un état qui respecte les droits de ses citoyens, qui veille à leur cohésion et à l'égalité des chances, un état où le peuple est l'origine de tous les pouvoirs, un peuple capable de demander des comptes à ses dirigeants et de les sanctionner quant il le faut. Actuellement, le confessionnalisme et l'exploitation des religions protègent la corruption et la violation des lois ; pour cela le salut du Liban et sa paix interne ne peuvent voir le jour que d'une laïcité qui sépare le politique du religieux tout en respectant la liberté spirituelle de chacun ainsi que la diversité religieuse.
Par cette laïcité ouverte, et tolérante on peut libérer les confessions et Dieu lui-même de tous ceux qui, en son nom, ont commis la violence et ont bafoué les valeurs humaines.


Le courant patriotique libre (CPL) et la période de l’après guerre universelle
06-12-2009
Leila Nicolas Rahbani
Traduit par Nadine Hajjar Maillot, RPL Rhône-Alpes
Avec l’atmosphère de « détente » qui règne récemment sur la scène libanaise, les grandes puissances politiques se retrouvent présupposées à s’entrouvrir et à se réconcilier davantage, contrairement à ce qui dominait dans le passé.

Ce ne fut pas un hasard qu’un ministre attribué à la majorité demande le changement dans la déclaration ministérielle de la mention « égal à égal » par une autre, qui plairait aux Syriens. De plus, ce ne serait pas surprenant non plus que des membres éminents dans la majorité parlementaire, autrefois connus pour des « faucons », fassent des déclarations rappelant la période qui a précédé l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri en 2004.

Cette atmosphère de « détente », requise régionalement et internationalement, exige une certaine évolution du discours politique qui serait favorable avec les futurs changements et avec le nouveau mandat ministériel présidé par le premier ministre Saad Hariri. Dans cette période, Hariri, à travers son parcours politique, serait mis à l’épreuve : tenir sa promesse en tant que premier ministre du Liban ou rester le leader d’une classe restreinte qui détient quand-même la majorité parlementaire.

Sur la scène chrétienne, les Chrétiens témoigneront dorénavant de « la victoire des points de vue politiques du CPL ». Après s’être opposée au CPL suite à son entente avec le Hezbollah et suite à son soutien à la Résistance, voilà aujourd’hui la majorité qui adopte les mêmes propos. Ceux qui l’ont accusé de sa collaboration avec l’axe irano-syrien, se prêtent aujourd’hui à tendre les bras à la Syrie. Et finalement, ceux qui l’ont accusé de son fonctionnement vers un Etat du « fiqh », se sont rendu compte que le général Aoun, non seulement a su préserver les droits du Bloc du Changement et de la Réforme, mais aussi a réussi à mettre en valeur et améliorer les droits de représentation des Chrétiens de la majorité au sein du gouvernement.

Sur ce, quels sont donc les nouveaux défis et les échéances auxquels fera face le CPL ?

Premièrement, il est temps pour le CPL de se consacrer à son organisation interne et ceci à travers des actions intellectuelles, éducatives et organisationnelles dans tous les domaines. De plus, il faudrait faire une réévaluation complète des accomplissements et des réalisations des comités exécutifs dans les différents casas et régions pour les quatre années précédentes.

Deuxièmement, et afin de pouvoir relever les défis électoraux, politiques et sociaux, il faudrait que le CPL formule et documente ses principes et ses visions (citons par exemple le confessionnalisme politique, la privatisation...) afin qu’ils deviennent ainsi un recours et une référence à chacun de ses activistes et partisans engagés. Les partisans du CPL auraient donc une position unifiée sur les points en litige empêchant ainsi toute divergence d’opinions entre eux. Ces divergences d’opinions relèvent des différences culturelles, politiques et scientifiques puisque les partisans du CPL ont différents profils et appartenances, notamment de gauche ou de droite.

Troisièmement, il faudrait formuler le discours politique afin de mettre l’emphase sur les victoires et réalisations nationales au sein du parti aussi bien que sur la scène médiatique surtout que les médias ont joué un grand rôle pour nuire à la réputation du CPL au niveau de son organisation et surtout des conflits internes : une approche qui n’a pour but que de contrecarrer la victoire politique du CPL.

Finalement, une question se pose :

Comment le leader d’un courant effondré et mal organisé aurait pu acquérir des droits importants sur la scène politique ? Comment aurait-il pu s’imposer en tant que joueur principal sur les deux scènes locale et régionale, sans tout de même être soutenu par une force majeure ni par la vaste majorité du peuple libanais ?

Réponse : vicieux ou voire ignorants sont ceux qui croient que les « faibles » l’emportent dans une politique basée sur la force et sur la violence ou que des prix de consolation se distribuent aux vaincus.


La feuille d’entente entre le CPL et le Hezbollah, une lecture de ce qui s’est déjà réalisé
12-02-2009
Leila Nicolas Alrahbani
Traduction RPL Suisse
Trois ans sont passés depuis la signature de la fameuse feuille d’entente entre le CPL et le Hezbollah, fameuse par ce qu’elle fait encore couler de l’encre, fameuse par ce qu’elle représente le socle sur lequel sera bâtit le Liban de demain, un Liban qui se reposera sur l’entente et le partenariat entre ses fils.
En mémoire à cette historique signature et à la veille des élections parlementaires, il est très important de revoir le travail des députés et politiciens de tous les partis politiques, afin de définir la route de chacun en partant de son historique et son expérience. Au Libanais qui souhaite voir naître «un état» et non pas «une ferme», qui rêve d’être considéré et traité comme «un citoyen» et non pas comme «un client», qui aimerait voir grandir et vivre ses enfants auprès de lui au lieu de les voir forcés à l’exil pour survivre, vous n’avez pas d’autres choix que de revoir et évaluer toutes les promesses et actes effectués par ceux qui se définissent comme «loyalistes» ainsi que par l’opposition, afin de vous fixer sans aucune hésitation ni aucun regret, un choix électoral décisif. En ce qui concerne la feuille d’entente, il est indéniable qu’elle a apporté des tonnes de résultats sociaux que même ceux qui l’ont entériné n’ont pu lui imaginer un tel engouement et succès. La fantastique paix sociale qui s’est installée dès les premiers mois de la signature a grandement influencé la société Libanaise, en particulier sur la victoire de 2006 ainsi que sur cette longue période de trois ans qui vit bon nombre de crises sociales, politiques, et sécuritaires. L’un des témoins clefs des résultats positifs et inespérés de ce document est cette région dite mixte (Chrétiens-Muslmans) qui a vu déferler sur elle des manifestants fous furieux et spécialisés dans l’enlisement vers l’émeute qui n’ont pas hésité à raviver et attiser la peur confessionnelle tout en disant «voici ce que le feuille d’entente vous apporte». Effectivement, cette feuille d’entente à apporté plus que cela car elle était rentrée dans le cœur de la population et elle est devenue présente dans leurs actes de chaque jour, prouvant ainsi qu’elle est devenue une attitude sociale d’ouverture et d’acceptation de l’autre, une attitude de respect pour la diversité et le droit à la différence, elle n’est absolument plus «une simple signature» entre deux partis politiques comme certains aimeraient encore la voir. C’est ce que la feuille d’entente a apporté au niveau social quand au niveau politique et réforme, il semble qu’elle n’a pas pu apporter autant et si vite. Elle a sans aucun doute démontré sa solidité au niveau politique après un nombre incalculable d’attaques et autant de défis relevés à commencer par les attaques politiques et médiatiques quasi quotidiennes depuis le premier jour de sa signature en passant par l’attentat de Imad Moughnié et la déclaration de guerre ouverte des Israéliens et cela jusqu’à aujourd’hui, à tel point qu’aucun autre accord ne saurait tenir aussi longtemps (voir l’accord Hezbollah – Salafistes). En ce qui concerne la partie des réformes, elle reste incapable de s’imposer sur la place publique notamment avec une nouvelle loi électorale qui soit moderne, qui garantisse la bonne représentativité populaire, qui dynamise le travail des partis politiques, tout en réduisant les possibilités de fraude électorale et de crispations confessionnelles, avec la promesse de voir les Libanais de l’étranger participer pleinement au processus électoral comme cité dans le paragraphe numéro trois de la feuille d’entente. Bien au contraire, les Libanais à Doha ont décidé de revenir en arrière en acceptant la loi des années soixante, c'est-à-dire une loi confessionnelle, et cette réforme on ne peut plus simple et nécessaire n’a pas (pu) passer au parlement du fait que seuls les députés du bloc du Changement et de la Réforme ont voté en sa faveur. Il ne faut pas oublier aussi le grand manquement en ce qui concerne le début de formation d’un état fort et moderne qui bénéficiera de la confiance de son citoyen et qui lui assurera la paix ainsi que la sérénité quand à son présent et son futur, comme cité dans le paragraphe numéro quatre de la feuille d’entente. Il serait donc injuste de faire porter la responsabilité de cet échec aux partis qui ont mis sur pied cette feuille d’entente sachant qu’ils sont minoritaires au parlement et au gouvernement. Il serait encore plus injuste que de leur faire porter la responsabilité par manque d’activité ou d’insistance car la situation politique interne, régionale, et internationale relègue les projets de réformes à une étape ultérieure puisqu’en ce moment, c’est l’existence même et le futur de notre pays entier qui est en danger. A partir de là et avec l’expérience positive d’une première entente qui n’attends qu’à être élargie et accomplie, il ne reste plus quau Libanais qu’un petit parcours à faire, celui d’obtenir une majorité parlementaire qui pourrait une fois pour toute, permettre d’asseoir la politique des réformes à côté de la paix sociale déjà grandement acquise. Ce n’est que comme ça que naîtra un nouvel état de droit, un état pour ses citoyens et non pas pour des clients, un état dans lequel l’Homme aura sa valeur en tant que tel indépendamment de sa religion, sa confession, ou son sexe. Oserions nous rêver d’un tel état ?

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